LES RATS : GRANDS GAGNANTS DE LA RÉFORME DES RETRAITES ?

Depuis la grève des éboueurs, les poubelles s’entassent dans Paris, une situation propice à la prolifération des rats. Le Dr Romain Lasseur nous donne sa vision de la problématique.

Les éboueurs sont mobilisés contre la réforme des retraites. Selon les chiffres de la Mairie de Paris (au 12 mars), 5 400 tonnes de déchets se sont accumulés après une semaine de grève. 

Les poubelles s’entassent et débordent sur les trottoirs, laissant se dessiner de véritables montagnes de déchets. Les mairies des différents arrondissements et des prestataires privés tentent de collecter un maximum de poubelles. Tous les arrondissements ne sont donc pas impactés. A contrario, les 16e et 17e arrondissements voient la salubrité de leurs rues se détériorer. Plusieurs usines d’incinération sont également bloquées, le traitement des déchets n’est donc plus réalisé.

Vient alors un problème sanitaire. Celui de la prolifération des rats. De nombreux riverains se plaignent d’en observer aux abords des poubelles. Les rongeurs sont attirés par les déchets et l’insalubrité créés par l’homme. Avec la grève des éboueurs, les rats sont donc sortis mais aussi les cafards. La situation est grave puisque ces nuisibles peuvent être porteurs de bactéries pathogènes et donc représenter un danger pour les riverains et le personnel en charge du ramassage des ordures. 

Nous avons questionné le Docteur Romain Lasseur sur ce sujet.

Dans les grandes agglomérations françaises, on a déjà une problématique de surpopulation liée au fait qu’on ne régule pas assez, mais la problématique de base c’est les incivilités alimentaires. C’est les gens qui jettent tout dehors, les poubelles ne sont pas entretenues. Les rats ont à disposition une surdensité alimentaire en ville. Avec ce mouvement social de grève de ramassage des ordures ménagères, la nourriture en surface est donc plus importante. Pour pouvoir accroître ses populations, le rat a besoin de nourriture qu’il trouve partout en ville et de femelles pour se reproduire. Il va donc grâce à cette nourriture, accentuer ses cycles de reproduction.  Dans un contexte particulier comme celui-ci, on peut craindre une densité de rongeur qui va augmenter plus que la normale. La surdensité des rats apporte un risque de surdensité de maladies. Si on lui offre de la nourriture, il va se démultiplier, donc le risque sanitaire va augmenter. Il n’y a pas que la leptospirose, il y a aussi les parasites, bactéries que le rongeur héberge et va pouvoir laisser dans ses urines à la surface. C’est un risque pour les habitants, leurs animaux domestiques, les éboueurs qui vont devoir ramasser les ordures ménagères dans les villes. Si les sacs poubelles sont restés 10 jours dans la rue, la probabilité d’avoir des bactéries pathogènes dûes aux rats est importante. Il faut rapidement procéder au ramassage des ordures et procéder à un plan global de régulation de la population des rongeurs en ville. Les maintenir sous un seuil qui ne représente pas de risques.”

Le rat s’adapte à la densité des humains qui est importante en ville. Si on leur laisse tout à disposition, leur population augmente et donc le nombre de maladies véhiculées par le rat aussi. ”Dr. Romain Lasseur

Une situation à rapprocher des débats actuels sur la place du rat en ville. Une problématique inquiétante et synonyme de risque sanitaire. La grève des éboueurs a été reconduite hier, jusqu’à lundi prochain minimum.

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