PUNAISES DE LIT : LA FRANCE VA-T-ELLE BASCULER VERS LA PSYCHOSE ?

Depuis le mois d’août, la France fait face à une prolifération de punaises de lit, des nuisibles qui hantent la vie de ceux qui y sont confrontés. Plusieurs espaces publics sont concernés et une paranoïa semble s’installer. L’Anses et les pouvoirs publics s’inquiètent, pour autant est-il déjà trop tard pour agir ?

La France envahie par les punaises de lit. Ce n’est pas le scénario d’un film d’horreur mais bien la tendance que subit depuis plusieurs mois le pays. Un phénomène qui n’est pas récent mais plus important que les années précédentes. La détection n’est pas évidente, n’a pas de rapport avec l’hygiène mais une invasion est vite arrivée si on n’agit pas rapidement. Lorsque les punaises s’accrochent aux vêtements et au linge, elles rentrent dans les habitations et se développent. Le coût de la lutte se chiffre à plusieurs centaines d’euros et l’impact psychologique sur les victimes peut perdurer sur plusieurs années. Seul un technicien 3D*, formé au traitement des punaises de lit pourra en venir à bout grâce à des insecticides professionnels qu’il est seul à pouvoir utiliser sur les meubles et l’ensemble de l’habitation.

De nombreux témoignages sur les réseaux sociaux

Cinémas, transports en commun, hôpitaux, écoles, logements… Les signalements sur les réseaux sociaux sont nombreux. Des internautes diffusent des vidéos où l’on peut voir une punaise en pleine journée. Ces insectes ont une vie active essentiellement de nuit mais la situation actuelle illustre la possibilité de les voir en plein jour dans n’importe quel environnement pour se nourrir de sang humain en laissant des marques de piqûres sur le corps. Dans un logement, les punaises aiment les recoins sombres et se cachent sous les matelas ou derrière les plinthes notamment et peuvent laisser des traces noires au niveau des lits et du linge. 

C’est à Paris que les premiers cas ont été signalés. Depuis, plusieurs salles ont été concernées par des invasions. Des déclarations qui ont entraîné des réactions en chaîne avec des vidéos où l’on voit des punaises de lit, obligeant les groupes à répondre sur les réseaux sociaux pour se défendre.

À titre d’exemple, le groupe UGC a répondu à travers un communiqué diffusé le 4 septembre dernier alors que l’UGC Bercy a fait face à une importante prolifération de ces insectes. « À l’heure où ce communiqué est publié, le cinéma UGC Bercy a été traité conformément à la procédure d’urgence. Si un nouveau signalement est remonté par les spectateurs à nos équipes, la procédure prévue à cet effet sera à nouveau immédiatement enclenchée afin de les éradiquer ».

Un scénario similaire s’est produit au sein du réseau ferroviaire de la SNCF. Le 19 septembre, sur Twitter, une internaute a déclenché une polémique en partageant une photo d’un siège dans un TGV au départ de la gare de l’Est à Paris. Un post vu plusieurs millions de fois en seulement quelques jours et suivi par de nombreux autres témoignages sur d’autres lignes. Un autre témoin a à son tour diffusé une vidéo prise dans un Ouigo comptabilisant 6 millions de vues.

Punaises de lit métro de Paris

Le 20 septembre, une école des Hauts-de-Seine a été elle aussi victime d’une infestation de punaises de lit. Par la suite, d’autres établissements ont déclaré être victimes eux aussi d’une invasion de ces nuisibles et d’avoir fait appel à un professionnel pour réaliser un traitement.

Des actions pour se débarrasser de la punaise

Face à ces alertes, la SNCF a également répondu en précisant suivre attentivement la situation. Elle a affirmé procéder à des traitements préventifs et à un nettoyage intensif des wagons tous les soixante jours. De nombreux voyageurs se sont plaints de démangeaisons. Ils épinglent les lieux publics en mettant en doute le traitement effectué. Pourtant, ce fléau n’est pas synonyme d’un manque d’hygiène. La présence de l’insecte dans un logement ne signifie pas que la victime n’entretient pas son logement.

Tout le monde peut être touché par une infestation. Il convient donc de faire attention en adoptant des gestes de prévention pour éviter une prolifération. Vérifier son matelas et son lit, laver ses vêtements et son linge neufs, assurer un nettoyage régulier de son habitation pour détecter une présence éventuelle en passant par exemple l’aspirateur, inspecter les recoins des meubles ou ne pas poser son sac ou sa valise sur le lit, regarder si on a des traces de piqûres sur son corps…

Pour venir à bout du nuisible, les responsables des lieux concernés font appel à des entreprises spécialisées. Les professionnels utilisent des insecticides ou procèdent par exemple à une détection canine.

La punaise de lit est devenue un débat de société

Les punaises de lit se nourrissent de sang humain. Bien qu’aucun risque pour la santé n’est à craindre, l’insecte hante la vie de ceux qui y font face. Les autorités poussent à déclarer les invasions et à agir rapidement.

Le nombre d’interventions a ainsi augmenté avec un bon de 65 % entre l’été 2022 et l’été 2023 selon la CS3D. De son côté, l’ANSES a annoncé dans un rapport paru le 19 juillet « qu’entre 2017 et 2022, plus d’un foyer français sur dix a été infesté par des punaises de lit ». Face à cette recrudescence, l’Agence réclame une aide financière. Le coût des traitements est au cœur d’un débat de société. Il faut compter en moyenne 866 euros par foyer, selon cette dernière, un montant considérable pour les plus modestes.

D’autant plus qu’un phénomène d’arnaques se dessinent. Certains professionnels, aux méthodes douteuses, profitent de la situation en facturant leurs interventions à des tarifs exorbitants et pouvant pousser les victimes à choisir de ne pas agir. Olivier Véran, porte-parole du gouvernement s’est saisi du sujet et a déclaré auprès de RTL le 3 octobre vouloir « protéger les Français ».

Une situation alarmante

Une crainte se dessine dans l’ensemble de la population qui reste sceptique face aux actions entreprises pour répondre aux infestations. Le secteur du tourisme s’inquiète lui aussi de la situation avec une fréquentation des hôtels qui pourrait bien voir son chiffre d’affaires chuter. Une peur qui se retrouve au sein des pouvoirs publics eux-mêmes, notamment la ville de Paris alors que la capitale doit accueillir les Jeux Olympiques l’été prochain.

« Les punaises de lit sont un problème de santé publique et doivent être déclarées comme tel. Il faut que l’État réunisse urgemment l’ensemble des acteurs concernés afin de déployer un plan d’action à la hauteur de ce fléau alors que la France entière s’apprête à accueillir les Jeux olympiques et paralympiques en 2024 » a ainsi posté sur X le 28 septembre, Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo, la maire de Paris.

Une réunion interministérielle s’est par la suite tenue le 6 octobre. La présence dans l’environnement de la population française des punaises de lit, fait craindre une recrudescence à l’échelle mondiale à l’issue de cet événement.

Mais alors faut-il désespérer face à la situation ? Le Dr. Romain Lasseur, expert en toxicologie animale et fondateur d’IZIgroup est conscient de la problématique mais tient à rassurer : « Non, il ne faut pas se tourner vers la psychose, on a les moyens de pouvoir s’en sortir. Ce n’est jamais trop tard, en revanche, il faut faire connaitre l’insecte et les risques pour détecter le plus vite possible les infestations. Il faut aussi bien former les professionnels pour éviter tout abus ».