A Montpellier, les sangliers prolifèrent et se rapprochent dangereusement de la ville. Un phénomène inquiétant et qui pose des questions.
« Limiter la chasse n’est pas la bonne solution, il faudrait l’encadrer. Réguler les sangliers avec la chasse, ça prend tout son sens ». Pour le Dr. Romain Lasseur, spécialiste des espèces invasives, la prolifération des sangliers est un problème et trouve son explication par les mesures limitant la chasse de cette espèce.
Depuis quelque temps, Montpellier (Hérault) et d’autres villes du sud de la France font état de la présence de l’animal attiré « par la météo, la broussaille, les déchets aux bords des autoroutes qui favorisent son apparition », et facilitée par le réchauffement climatique. Le sanglier peut-être considéré comme un nuisible en surnombre, en raison des dégâts qu’il cause, il est « omnivore, mange les ordures ménagères et peut être agressif, il cause également des dégradations », explique le Dr. Romain Lasseur.
En février, un troupeau d’une dizaine de sangliers a été aperçu aux abords du stade de foot de la ville. Le même mois, l’autoroute A750 a été fermée à la circulation pendant 2 heures, à cause du même phénomène. Montpellier n’est pas la seule ville à connaître ce fléau. La semaine dernière, sur une plage de Cannes, un sanglier a été abattu par un lieutenant de louveterie. Une action qui n’émane pas de la mairie, selon elle, et qui n’a pas été bien accueillie par tous.
Des associations militent en effet contre la chasse et défendent les sangliers. Selon le Dr. Romain Lasseur, les militants anti-chasse encouragent la prolifération de l’animal : « en milieu périurbain, il y a une fronde anti-chasse ». En Italie, des amendements ont autorisé l’abattage de l’espèce, mais en France, le débat autour de la chasse au sanglier persiste. En 2021, Montpellier a interdit la chasse de cette espèce. Une décision saluée par les écologistes mais critiquée par d’autres maires du département.
Depuis cette décision, la présence des sangliers a été signalée de nombreuses fois. Suite à la fermeture de l’autoroute le mois dernier, le maire de Saint-Brès (dans la métropole), Laurent Jaoul, a poussé un cri sur Twitter : « J’ai été le premier à dénoncer l’irresponsabilité de Coralie Mantion qui a pris un arrêté pour interdire la chasse. Aujourd’hui, on doit fermer l’A750 à hauteur de Montpellier pour gérer l’abondance de ce gros gibier. C’est fou ! ». « Interdire la chasse sur la commune de Montpellier, c’est augmenter la prolifération des sangliers avec pour corollaire des accidents de la route » lit-on sur un autre tweet.
En réponse à ces accusations, la métropole accuse quant à elle les chasseurs eux-mêmes d’être responsables de la présence du sanglier à cause des nourrissages effectués.
Contactée par 20 minutes, la mairie de Montpellier explique que le sanglier « n’était pas chassé sur les secteurs où les coups de feu sont désormais interdits ». Une présence qui n’est pas due à une décision politique selon Vincent Tarbouriech, chef de service de l’Office français de la biodiversité dans l’Hérault.
La prolifération de l’animal est au cœur des débats à Montpellier, et les tensions entre écologistes et chasseurs ne laissent présager aucune avancée.
Adrien Ribera, journaliste
