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Dans un rapport publié le 6 avril, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a révélé en France la présence de nombreux pesticides dans l’eau, notamment le chlorothalonil, pourtant interdit depuis 2020.
L’Anses a publié un rapport en début de mois sur la qualité de l’eau. Intitulée : « Polluants émergents dans l’eau potable : le point sur les principaux résultats de la dernière campagne nationale »; l’étude a mis en avant la présence de pesticides dans l’eau. Très vite, des inquiétudes ont émergé sur le danger potentiel après cette information. Mais qu’en est-il réellement ?
L’Anses mène tous les trois ans des campagnes nationales d’occurrence des composés émergents afin de mettre en avant les contaminations des eaux potables. 157 pesticides et métabolites de pesticides (substances organiques formées lors du métabolisme) mais aussi 54 résidus d’explosifs et un solvant ont été analysés dans le cadre de ce rapport initié en 2019 conjointement avec les Agences régionales de santé et la Direction générale de la santé. Près de 136 000 résultats ont ainsi été recensés, explique l’Anses dans son rapport qui estime à la suite de cette analyse que 34 % de l’eau potable est polluée en France.
Tous les pesticides ne sont pas inquiétants. À la différence, l’Anses dresse une liste de métabolites jugés pertinents, « s’il y a lieu de considérer qu’il possède des propriétés intrinsèques comparables à celles de la substance mère en ce qui concerne son activité cible pesticide ou qu’il fait peser (par lui-même ou par ses produits de transformation) un risque sanitaire pour les consommateurs » selon la directive européenne 2020/2184. Un seuil limite de qualité est alors fixé à 0,1 µg/litre pour les métabolites jugés pertinents et à 0,9 µg/litre pour ceux jugés comme non pertinents.
Sur les 157 pesticides analysés, « 89 d’entre eux ont été détectés au moins une fois dans les eaux brutes et 77 fois dans les eaux traitées ». 7 pesticides ont dépassé le seuil. Parmi eux, le métolachlore ESA (un résidu du S-métolachlore, un herbicide) identifié comme dépassant la limite dans moins de 2% des échantillons. Dans moins de 10 % des échantillons, ont été détectés des résidus d’explosifs (métabolites de TNT), « principalement issus de sites d’armement datant de la première guerre mondiale ou à proximité d’activités industrielles d’armement ». Tandis que dans 8 % des échantillons, le 1,4-dioxane (un solvant cancérogène) a été identifié, des résultats jugés non inquiétants.
Ces analyses permettent de dresser la liste des molécules à surveiller lors des contrôles réguliers afin de mettre en place des mesures. Un pesticide a ainsi retenu l’attention en raison de son interdiction : le chlorothalonil R471811.
Depuis 2020, le chlorothalonil est un pesticide interdit en France à cause d’un risque cancérigène. A travers ce rapport, l’Anses a révélé qu’un tiers de l’eau potable contient des métabolites de chlorothalonil, à un taux supérieur à la limite de qualité autorisée.
Il s’agit du pesticide le plus identifié lors de ces analyses « dans plus d’un prélèvement sur deux (et) à des dépassements de la limite de qualité dans plus d’un prélèvement sur trois ».
Le chlorothalonil est un pesticide fongicide qui a été utilisé dans l’agriculture pendant près de 50 ans jusqu’à son interdiction. Des métabolites ont été identifiés dans l’eau, autrement dit des résidus de ce pesticide persistent à des taux trop élevés dans près d’un prélèvement sur trois. Certains départements et régions sont plus impactés que d’autres, c’est notamment le cas de l’Oise.
Après cette analyse, l’Anses a déduit « qu’en fonction de leurs propriétés, certains métabolites de pesticides peuvent rester présents dans l’environnement plusieurs années après l’interdiction de la substance active dont ils sont issus », ce qui explique la présence encore aujourd’hui du chlorothalonil.
L’Anses a tenu à rassurer, en précisant qu’aucune véritable inquiétude n’est à avoir : « toutes les concentrations mesurées pour les différentes molécules restent cependant très inférieures aux Valeurs sanitaires max lorsque celles-ci sont disponibles » mais appelle à la vigilance.
Pour remédier à cette situation, le traitement de l’eau est nécessaire. Différentes méthodes existent mais avec comme impact, un coût économique chez les consommateurs.
Adrien Ribera, journaliste
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