SCIENCE : DES « CAFARDS CYBORG » POUR NOUS SAUVER LA VIE

En septembre dernier, des chercheurs japonais ont présenté un projet de « cafard cyborg », un cafard équipé et qui serait utilisé au service de l’Homme. Tour rapide de quelques espèces animales utilisées pour la science

crédit de la photo »© Ayaka Shida – Riken University »

Utiliser des animaux à des fins scientifiques, cela ne date pas d’hier. Selon André Ménache, un ancien vétérinaire et conseiller scientifique de l’organisation Antidote Europe: « les tests sur les animaux dans les laboratoires, représentent entre 20 et 25 % des expériences », rapporte-t-il dans un entretien pour le magazine Géo en septembre.

Bien que de nombreuses questions éthiques se posent et se débattent, les expérimentations animales permettent à la science de véritables avancées et découvertes. En faire un exposé complet serait bien trop long, nous vous proposons dans cette rapide analyse quelques exemples et quelques chiffres.

Les « cafards cyborgs »

On doit une des dernières expérimentations en date à l’Institut Riken au Japon. Des chercheurs ont développé un dispositif permettant de créer des cafards cyborgs dans le but de nous sauver la vie. Cette innovation est le résultat de plusieurs années de recherches sur des insectes robotiques.

Kenjiro Fukuda, à la tête de cette étude explique que ces cafards sont utilisés afin d’atteindre des zones difficiles d’accès pour des véhicules dans le cadre d’effondrements de bâtiments. Le cafard serait équipé d’un ensemble de dispositifs fonctionnant à l’énergie solaire, prenant la forme d’un « sac à dos » contenant les manettes de contrôle et des signaux électroniques, mais sans capteurs, ses propres capacités sensorielles étant suffisantes.

C’est le cafard géant de Madagascar qui fut utilisé pour ces expériences. Le chercheur indique qu’à terme « nous pourrions peut-être l’appliquer aux insectes volants, comme les coléoptères ou les papillons ». En fait utiliser ces insectes a des avantages: un moindre coup, une facilité…

L’expérimentation animale: des chiffres et la question de l’éthique

Vient évidemment la question de l’éthique. Au fil du temps, la sensibilité de l’animal a été prise en compte dans le droit français.

La directive européenne 2010/63/UE a définie l’expérimentation animale comme la recherche capable « de causer une douleur, une souffrance, une angoisse ou des dommages durables équivalents ou supérieurs à ceux causés par l’introduction d’une aiguille­ ». Le code rural complétant par « toute utilisation, invasive ou non, d’un animal à des fins expérimentales ou à d’autres fins scientifiques ou à des fins éducatives ». L’UE a alors mis en place un ensemble de normes de bien-être animal. En clair, l’utilisation d’animaux pour la science est encadrée par des normes européennes. Parmi elles, la règle des 3 R inscrite dans la directive citée plus haut, implique l’obligation de remplacer l’expérimentation animale dès que possible, réduire le nombre d’animaux utilisés et de raffiner les procédures donc de diminuer les douleurs causées.

 La science utilise les animaux à différentes fins : études biologiques, recherches dans le domaine de la médecine, la production de produits pour la médecine, des essais et d’autres fins expérimentales.

 La France doit alors collecter des informations statistiques sur l’utilisation des animaux utilisées dans des procédures expérimentales, et cela, chaque année dans des enquêtes statistiques du Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.

 Ainsi selon le rapport de 2020: « la souris est l’animal le plus fréquemment utilisé (64 %) puis les rats (9,1 %) puis les lapins (8,8 %) et les poissons (7,3 %) ».

André Ménache estime auprès du magazine Géo qu’ « en France, on utilise entre 3 et 4 millions d’animaux par an, donc environ 25 % de ce chiffre concerne les tests sur les animaux dans les laboratoires ». Il explique que les rongeurs sont les animaux les plus utilisés dans les instituts de recherches en raison de leurs faibles coups et de leurs utilisations pratiques, mais aussi en raison de leurs reproductions rapides. Les tests perdurent car, « cela permet à l’industrie pharmaceutique d’obtenir une autorisation de mise sur le marché beaucoup plus vite que si elle passait par des tests uniquement basés sur du matériel humain ».

Des moustiques modifiés

Cette fois-ci, ce sont les moustiques qui sont utilisés. Deux chercheurs, Johanna Fite (chef de projets scientifiques à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) et Fabrice Chandre (directeur de recherche en entomologie médicale à l’Institut de recherche pour le développement) travaillent eux sur des moustiques qui après des manipulations génétiques seraient stérilisés contre les différentes maladies que véhiculent les moustiques.

 Aucun vaccin n’existe encore pour lutter contre la dingue ou la chikunguya. Alors la recherche scientifique s’est tournée vers des moustiques génétiquement modifiés qui étant stérilisés par différentes techniques seraient par la suite lâchés de manière récurrente afin de réduire la population de moustiques.

 Une seule technique est développée à un niveau opérationnel : la RIDL correspondant donc au lâcher d’insectes modifiés. Un essai a eu lieu en Floride au début de cette année.

Des rats au volant des voitures

Direction l’Université de Richmond aux Etats-Unis . Des rats ayant la faculté de conduire en 2019 sont utilisés également dans le cadre d’un projet de recherches sur le cerveau dans le but de réduire les problèmes mentaux.

À travers une expérience, elle a divisé des rats entre ceux devant faire des efforts afin d’obtenir une récompense et ceux qui obtenaient la récompense sans effort. « Ils tracent des chemins dans la nature qu’ils empruntent sans arrêt et nous voulions voir s’ils étaient capables de garder cet excellent sens de l’orientation dans un véhicule » explique une chercheuse. Ces rats ont une ténacité émotionnelle plus importante et un niveau de stress réduit. Les chercheurs ont remarqué que ces rats faisaient preuve d’anticipations.

Source :

https://www.geo.fr/environnement/et-si-les-cafards-cyborgs-pouvaient-nous-aider-a-sauver-des-vies-211715  

https://www.20minutes.fr/ sciences/3349727-20220914-cafards-cyborgs-pourraient-aider-sauver-vies-accedant-zones-inaccessibles-secouristes 

https://www.enseignementsuprecherche.gouv.fr/sites/default/files/2022-02/enqu-te-2020-utilisation-des-animaux-des-fins-scientifiques-16892.pdf

https://agriculture.gouv.fr/ animaux-utilises-des-fins-scientifiques

https://www.20minutes.fr/sciences/3348775-20220914-chikungunya-dengue-fievre-jaune-moustiquesmodifies-permettront-contenir-maladies

https://www.fondation-droit-animal.org/informations-juridiques/animaux-utilises-a-des-finsscientifiques/ 

https://www.geo.fr/environnement/experimentation-animale-les-chiens-beagles-sont-choisis-car-ils-sont-prets-a-tout-endurer-paramour-211971 

https://www.lexpress.fr/actualites/1/actualite/ce-que-des-rats-au-volant-peuvent-nous-apprendre-sur-notre-santementale_2178842.html

Partagez cet article